Sonnet.
Que n’ai-je appris l’amour sous un regard moins beau ! 
Je n’aurais pas traîné si longtemps sur la terre 
Cet âpre souvenir, le seul que rien n’altère, 
Et qui, le plus lointain, me soit toujours nouveau.
Hélas ! je ne peux pas souffler comme un flambeau 
L’œil bleu, pâle qui luit dans mon cœur solitaire ; 
On ne se remplit pas d’une nuit volontaire, 
Pas même en se voilant des ombres du tombeau.
Que n’ai-je, comme eux tous, aimé d’abord la grâce, 
Non la grande beauté qui fait mal, qui dépasse 
L’horizon du désir et la force du cœur !
J’eusse aimé librement selon ma fantaisie ; 
Mais l’amante que j’ai, je ne l’ai pas choisie, 
Je ne pourrais pas plus la changer que ma sœur.
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