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Fille de la clarté, Muse aux regards vermeils…Theodore de Banville

Fille de la clarté, Muse aux regards vermeils,

Ouvre les yeux. Que font dans l’éther les soleils ?

Ils gravitent. Que fait l’Océan vaste ? Il broie

Les navires de l’homme en rugissant de joie.

Et le tonnerre ? Il gronde. Et l’aigle immense ? Il fond

Sur la brebis, du haut du ciel clair et profond,

Et l’emporte à son aire. Et le lion ? Il plante

Ses fortes dents parmi la chair vive et sanglante.

Et le doux rossignol ? Blessé cruellement

Par sa fleur, il la chante avec ravissement

Et retourne au buisson d’épines. Et la rose,

Que fait-elle du flot d’ambroisie ? Elle arrose

La terre de parfums et les grands cœurs d’amour.

Et le penseur ? Il vient à la clarté du jour

Pour secouer devant la foule intimidée

Ton glaive de lumière, inexorable Idée !

Et le poëte auguste ? Il tourne son flambeau

Vers la Beauté, sa foi, qu’on a mise au tombeau,
Et se penchant sur elle avec mélancolie,

Il relève en pleurant cette image avilie.

Et l’impuissant, ô Muse ? Il vit, fier de railler

Et de mentir. C’est bien, Muse, allons travailler.
Février 1856.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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