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Garat à BordeauxMarceline Desbordes-Valmore

Avec ta gente mie,
Où vas-tu, troubadour ? »
« — Je vais à ma patrie
Demander un beau jour.

Salut, rive enchantée,
Qui vis mes jeunes ans ;
De mon âme agitée
Reconnais les accents.

Jadis ma souveraine
A sa cour m’arrêta ;
Et pour si noble reine
Ton troubadour chanta.

Des belles la plus belle
Tombe en captivité ;
Avais chanté pour elle ;
Perdis ma liberté.

De l’auguste Marie
Déplorai les malheurs :
En ce temps de furie,
On punissait les pleurs.

Pour charmer ma misère,
Orgueil du troubadour,
J’ai chanté Bélisaire,
Henri-Quatre et l’Amour.

N’ai sauvé de ma chaîne
Que ma lyre et l’honneur ;
Et l’or, qui tout entraîne,
N’entraîna pas mon cœur.

Pastourelle naïve
Ecouta mes leçons ;
Sa voix, tendre et plaintive,
Y mêla ses doux sons.

La jeune enchanteresse,
Écolière d’Amour,
Devint dame et maîtresse
Du pauvre troubadour.

Au lieu de ta naissance,
Dit-elle, conduis-moi ;
Tu m’appris ta romance,
La chanterai pour toi.

Venez donc, gente mie,
Lui dit ton troubadour ;
Allons à ma patrie
Demander un beau jour.

Lyre ! ma douce lyre !
Obéis à mon cœur.
Le chant que je soupire
Est le chant du bonheur. »

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Publié dansMarceline Desbordes-ValmorePoètes

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