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Je veux vivre longtempsAlain Bosquet

Je suis déçu.
Est-ce ainsi qu’on se quitte?

Je vous offre un toucan, un mimosa, un corail qui s’effrite,

un mystère éloquent

que traverse au matin une comète

ou un astre étranglé.
La métaphore et la fable s’apprêtent

à vous interpeller.

L’univers en devient plus insolite

que ce vieux pangolin sur son rocher.
Je ne suis pas l’élite,

mais un être malin

qui vous ressemble un peu : le doute ronge

tant de sincérité.
Vivons sans réconfort ; je fais un songe :

n’avoir jamais été.

Or, la
Gartempe soudain m’apostrophe :

«
Tu dois me célébrer. »
Je l’oblige aussitôt ; le philosophe,

d’un poème feutré,

retrouve enfin sa pente naturelle

pour imiter
Péguy. À
Beaugency je salue la
Pucelle,

en lui offrant le gui.

J’écris mes
Fleurs du
Mal si roturières

et mes
Jaunes
Amours.
Je crois qu’il m’aimerait,
Tristan
Corbière,

si je faisais le sourd

devant ce siècle où tout se décompose.

Ô planète, va-t’en !
Je ressuscite un bouvreuil, une rose :

je veux vivre longtemps.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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