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J’estois prest d’encourir pour jamais quelque blasmeEtienne De La Boetie

J’estois prest d’encourir pour jamais quelque blasme,
De colere eschaufé, mon courage brusloit,
Ma fole voix au gré de ma fureur branloit,
Je despitois les Dieux, et encores Madame,

Lors qu’elle, de loing, jecte un brefuet dans ma flamme :
Je le sentis soudain comme il me rabilloit,
Qu’aussi tost devant lui ma fureur s’en alloit,
Qu’il me rendoit, vainqueur, a sa place mon ame.

Entre vous qui, de moy, ces merveilles oiés,
Que me dites vous d’elle ? et je vous prie, voyez,
S’ainsi comme je fais, adorer je la dois ?

Quels miracles en moi pensés vous qu’elle fasse
De son oeil tout puissant, ou d’un rai de sa face,
Puis qu’en moi firent tant les traces de ses doigtz ?

Recueil : Vingt neuf sonnetz

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Publié dansEtienne De La BoetiePoètes

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