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La bohêmeAlain Bosquet

La peste ravageait les villes de
Bohême.

Pas de bouche inutile : on pendait les enfants,

et les vieillards allaient, joyeux,

à la fosse commune.

Dans
Prague,

un prêtre m’initiait à la sorcellerie.

La
Guerre de
Trente
Ans se prolongeait.

Un faucon sur l’épaule,

je parcourais — cheval perdant ses tripes —

les hameaux qui sentaient le
Christ recrucifié.

Je hurlais des poèmes

dans une langue

où les consonnes crevaient les tympans.

Les villageois se jetaient à genoux,

et mon verbe hérétique

les guérissait de la terreur.

Je prédisais l’avènement

d’une
Lune
Carrée,

d’un
Soleil
Triple,

d’un
Royaume cruel mais lumineux.

J’étais le messager aux mensonges fertiles.

Chaque matin mille cadavres

arrêtaient le
Danube.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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