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La Face IntérieureTristan Tzara

Alors le feu partit entre les hommes

Espagne mère de tous ceux que la terre n’a cessé de mordre depuis que dans la mort ils ont cherché la cruauté de vivre

la force du soleil aux poutres des vieux pains
II n’y a pas de sourire qui n’ait fondu en sang

les cloches se sont tues les yeux écarquillés

ce sont des poupées d’horreur qui mettent les enfants au lit

l’homme s’est dépouillé de la misère des mots

les champs montrent leurs crocs les maisons éteintes

celles restées debout dans les linceuls sèchent au soleil

disparaissez images de pitié sous les dents dénudées

les botes font sonner la monnaie des traîtres…
J’aurais eu la clarté pour moi

Sur les routes de Joigny au soleil enlacé

que suis-je à l’abri d’une apparence en marche

onze ans de mort ont passé sur moi

et la bruyère n’a pas attendu le prix de sa fougue

n’a pas attendu la récompense de son calme

pour signifier à la vie les pompes du renouvellement

tandis que rêche écorce montagne de rafales

j’ai dépassé en course l’immortalité de l’illusion…

Tristan Tzara
Triste

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Publié dansPoètesTristan Tzara

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