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La Fin du MondePaul Eluard

Les yeux cernés à la façon des châteaux dans leur mine
Une bure de ravins entre elle et son dernier regard
Par un temps délicieux de printemps
Quand les fleurs fardent la terre
Cet abandon de tout
Et tous les désirs des autres à son gré
Sans qu’elle y songe
Sa vie aucune vie sinon la vie
Sa poitrine est sans ombre et son front ne sait pas
Que sa chevelure ondulée le berce obstinément.
Des mots quels mots noir ou

Cévennes
Bambou respire ou renoncule
Parler c’est se servir de ses pieds pour marcher
De ses mains pour racler les draps comme un mourant
Les yeux ouverts sont sans serrure
Sans effort on a la bouche et les oreilles
Une tache de sang n’est pas un soleil accablant
Ni la pâleur une nuit sans sommeil qui s’en va.
La liberté est plus incompréhensible encore que la visite du médecin
De quel médecin une chandelle dans le désert

Au fond du jour la faible lueur d’une chandelle

L’éternité a commencé et finira avec le lit

Mais pour qui parles-tu puisque tu ne sais pas

Puisque tu ne veux pas savoir

Puisque tu ne sais plus

Par respect

Ce que parler veut dire.

Paul Eluard

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Publié dansPaul EluardPoètes

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