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La grande OurseRene-Francois Sully Prudhomme

Sonnet.

La Grande Ourse, archipel de l’océan sans bords,
Scintillait bien avant qu’elle fût regardée,
Bien avant qu’il errât des pâtres en Chaldée
Et que l’âme anxieuse eût habité les corps ;

D’innombrables vivants contemplent depuis lors
Sa lointaine lueur aveuglément dardée ;
Indifférente aux yeux qui l’auront obsédée,
La Grande Ourse luira sur le dernier des morts.

Tu n’as pas l’air chrétien, le croyant s’en étonne,
Ô figure fatale, exacte et monotone,
Pareille à sept clous d’or plantés sur un drap noir.

Ta précise lenteur et ta froide lumière
Déconcertent la foi : c’est toi qui la première
M’as fait examiner mes prières du soir.

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Publié dansPoètesRene-Francois Sully Prudhomme

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