La mer dès le matin avait tant à nous dire
Je n’écoutais que toi Elle avait beau fourrer son museau dans mes mains
rabâcher son histoire sauter à notre cou, nous mordre, nous lécher
pour elle j’étais sourd
Je n’écoutais que toi ton souffle ton odeur
ta façon d’être là ton corps qui se baignait dans l’écume du lit
tes seins de magnolia Je plongeais replongeais dans ta tiédeur salée
et je perdais haleine
La mer et le soleil à n’en jamais finir avaient beau chuchoter faufiler leurs chansons à travers la persienne je n’écoutais que toi
Avant de s’endormir les amants au long cours le soleil en allé
dans le noir en parlant font de leur alentour un jardin plein d’allées
Ils y marchent longtemps ayant doucement dit
au cœur opérateur de rejouer pour eux le film au ralenti
de leur ancien bonheur
Pellicule rayée et qui se décolore
jadis s’est transmué à l’envers du présent si parlant et sonore
en cinéma muet
Mais les amants voguant au fil de la nuit lente bras dessus bras dessous
aiment ce cinéma que la mémoire invente et le soleil dissout
J’étais plus que la mer entêté à te mordre toi plus nue dans mes bras
que la mer et le ciel et le vent et la mer toi qui n’étais que toi.
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