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La maison d’yvesAndre Breton

La maison d’Yves
Tanguy
Où l’on n’entre que la nuit

Avec la lampe-tempête

Dehors le pays transparent
Un devin dans son élément

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu’on ne la voit plus

Et la toile de
Jouy du ciel —
Vous, chassez le surnaturel

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu’on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Elle est de lassos, de jambages
Couleur d’écrevisse à la nage

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu’on ne la voit plus
Avec toutes les étoiles de sacrebleu
Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules antennes

L’espace lié, le temps réduit
Ariane dans sa chambre-étui

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu’on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules

antennes
Avec la crinière sans fin de l’argonaute

Le service est fait par des sphinges
Qui se couvrent les yeux de linges

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu’on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules

antennes
Avec la crinière sans fin de l’argonaute
Avec le mobilier fulgurant du désert

On y meurtrit on y guérit
On y complote sans abri

Avec la lampe-tempête

Avec la scierie si laborieuse qu’on ne la voit plus

Avec toutes les étoiles de sacrebleu

Avec les tramways en tous sens ramenés à leurs seules

antennes
Avec la crinière sans fin de l’argonaute
Avec le mobilier fulgurant du désert
Avec les signes qu’échangent de loin les amoureux

C’est la maison d’Yves
Tanguy

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Publié dansAndre BretonPoètes

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