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La mort printanièreAbdellatif Laabi

Réveille-toi

poème

fils de l’extrême douleur

Ce matin

nous avons marié notre plus belle femme à la mort printanière

Écrire est dérisoire. Dérisoire ce vitriol au cœur. Le ciel stérile de l’hiver. Le soleil du crime, un avorton pâle. Le silence des murailles concentriques, bâillons crénelés qui encerclent nos mains. Dérisoires nos yeux sanglants, striés de haine. Et nos paroles, pétards mouillés comme des langes à jeter. Dérisoire la ronde phtisique de nos pas dans la citadelle d’exil. Ô cet amour sauvage de la camaraderie des armes !

Pourtant il faudra te déployer

poème fils de l’extrême douleur car ce matin

nous avons marié notre plus belle femme à la mort printanière et pour nous

c’est un devoir de violence et de justice de célébrer ses épousailles

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Publié dansAbdellatif LaabiPoètes

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