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La sphèreJules Supervielle

Roulé dans tes senteurs, belle terre tourneuse,
Je suis enveloppé d’émigrants souvenirs,
Et mon cœur délivré des attaches peureuses
Se propage, gorgé d’aise et de devenir.

Sous l’émerveillement des sources et des grottes
Je me fais un printemps de villes et de monts
Et je passe de l’alouette au goémon,
Comme sur une flûte on va de note en note.

J’azure, fluvial, les gazons de mes jours,

Je narre le neigeux leurre de la
Montagne

Aux collines venant à mes pieds de velours

Tandis que les hameaux dévalent des campagnes.

Et comme un éclatant abrégé des saisons,

Mon cœur découvre en soi tropiques et banquises

Voyageant d’île en cap et de port en surprise

Il démêle un intime écheveau d’horizons.

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Publié dansJules SuperviellePoètes

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