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L’absurdeAlain Bosquet

J’aimerais quelquefois vivre dans l’ignorance.

Ne me demandez pas mon nom.
Je ne sais pas où se trouve la
France.

Les fleurs, nous les fanons

dès que pour nous quelqu’un les cueille : une prin-

[cesse

dans un château invertébré, un enfant borgne et roux…
Je le confesse,

je suis mal préparé

pour la fable aujourd’hui : je veux que s’improvisent

le
Loir, la
Loire et le
Loiret.
Voyez là-bas : l’azur est à l’église;

et pour l’orme un décret

certifie noir sur blanc qu’il est un orme.

Je ne respecte pas les lois.
Le carré devient rond malgré sa forme ;

l’âne et le coq gaulois,

la pouliche et le bœuf, ne vont pas à l’école.

Et moi, quelle université m’accepterait ?
L’Islande est agricole

et, produisant le thé.

la
Bourgogne prospère !
Il faut qu’on me pardonne

ces vers comme un chapeau pointu.
Acceptez-en le don ; mon heure sonne :

l’absurde est bien battu.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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