Aller directement au contenu

L’art trahiRene-Francois Sully Prudhomme

Sonnet.

Fors l’amour, tout dans l’art semble à la femme vain :
Le génie auprès d’elle est toujours solitaire.
Orphée allait chantant, suivi d’une panthère,
Dont il croyait leurrer l’inexorable faim ;

Mais, dès que son pied nu rencontrait en chemin
Quelque épine de rose et rougissait la terre,
La bête, se ruant d’un bond involontaire,
Oublieuse des sons, lampait le sang humain.

Crains la docilité félonne d’une amante,
Poète : elle est moins souple à la lyre charmante
Qu’avide, par instinct, de voir le cœur saigner.

Pendant que ta douleur plane et vibre en mesure,
Elle épie à tes pieds les pleurs de ta blessure,
Plaisir plus vif encor que de la dédaigner.

Lectures : 1
Publié dansPoètesRene-Francois Sully Prudhomme

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *