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L’autographeAnatole France

À Étienne Charavay.

Cette feuille soupire une étrange élégie,
Car la reine d’Écosse aux lèvres de carmin
Qui récitait Ronsard et le Missel romain,
A mis là pour jamais un peu de sa magie.

La Reine blonde avec sa débile énergie
Signa Marie au bas de ce vieux parchemin,
Et le feuillet pensif a tiédi sous sa main
Que bleuissait un sang fier et prompt à l’orgie.

Là de merveilleux doigts de femme sont passés
Tout empreints du parfum des cheveux caressés
Dans le royal orgueil d’un sanglant adultère.

J’y retrouve l’odeur et les reflets rosés
De ces doigts aujourd’hui muets, décomposés,
Changés peut-être en fleurs dans un champ solitaire.

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Publié dansAnatole FrancePoètes

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