Aller directement au contenu

L’autre nuit, je veillais dans mon litCharles-Augustin Sainte-Beuve

Sonnet.

L’autre nuit, je veillais dans mon lit sans lumière,
Et la verve en mon sein à flots silencieux
S’amassait, quand soudain, frappant du pied les cieux,
L’éclair, comme un coursier à la pâle crinière,

Passa ; la foudre en char retentissait derrière,
Et la terre tremblait sous les divins essieux :
Et tous les animaux, d’effroi religieux
Saisis, restaient chacun tapis dans leur tanière.

Mais moi, mon âme en feu s’allumait à l’éclair ;
Tout mon sein bouillonnait, et chaque coup dans l’air
À mon front trop chargé déchirait un nuage.

J’étais dans ce concert un sublime instrument ;
Homme, je me sentais plus grand qu’un élément,
Et Dieu parlait en moi plus haut que dans l’orage.

Lectures : 0
Publié dansCharles-Augustin Sainte-BeuvePoètes

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *