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Le bouc émissaireAime Cesaire

Les veines de la berge s’engourdissent d’étranges larves

nous et nos frères

dans les champs les squelettes attendent leurs frissons et

la chair rien ne viendra et la saison est nulle

la morsure de nos promesses s’est accomplie au-dessus du sein d’un village et le village est mort avec tous ses hommes qu’on ne reconnaissait à travers leur tube de mica hier qu’à la patience violette de leurs excréments muets

O cueilleuse

si fragile si fragile au bord des nuits la pâtisserie du paysage qu’à la fin jubilation à tête blanche des pygargues elle y vole mais pour l’œil qui se voit il y a sur la paroi prophète d’ombre et tremblant au gré des pyrites un cœur qui pompe un sang de lumière et d’herbe

et la mer l’Aborigène une poignée de rumeurs entre les dents se traîne hors de ses os marsupiaux et posant sa première pierre d’île dans le vent qui s’éboule de la force renouvelée des fœtus, rumine flamber ses punchs d’anathèmes et de mirage vers la merveille nue de nos villes tâtant le futur et nos gueules claquantes de bouc émissaire

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Publié dansAime CesairePoètes

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