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Le cirqueAlain Bosquet

Je connaissais, derrière les collines,

un cirque avec un chapiteau

où l’on clouait les comètes crépues,

les lunes vertes.

J’avais le droit d’y venir le dimanche,

à la belle saison.

L’hiver, il était interdit aux écoliers,

pour ne pas nuire à
Charlemagne,

à la gravitation universelle,

à
Jean
Racine et à l’hypoténuse.

Je plaignais les chevaux,

qui se dressaient comme sur les statues.

La trapéziste avait les seins trop blancs,

ce qui n’est pas recommandé

aux garçons de mon âge.

Le magicien coupait sa fiancée en deux,

mais elle s’en tirait sans la moindre blessure.

Les chiens jouaient du violon.

Les éléphants se renversaient, pauvres montagnes,

pour quelque friandise.

D’une pastèque surgissait

un vol de pélicans.

J’avais envie de mordre la dompteuse :

voilà pourquoi

ma préférence allait aux tigres du
Bengale.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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