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Le grand homme vaincuVictor Hugo

Le grand homme vaincu peut perdre en un instant
Sa gloire, son empire, et son trône éclatant,
Et sa couronne qu’on renie,
Tout, jusqu’à ce prestige à sa grandeur mêlé
Qui faisait voir son front dans un ciel étoilé ;
Il garde toujours son génie !

Ainsi, quand la bataille enveloppe un drapeau,
Tout ce qui n’est qu’azur, écarlate, oripeau,
Frange d’or, tunique de soie,
Tombe sous la mitraille en un moment haché,
Et, lambeau par lambeau, s’en va comme arraché
Par le bec d’un oiseau de proie ;

Et, qu’importe ! à travers les cris, les pas, les voix,
Et la mêlée en feu qui sur tous à la fois
Fait tourner son horrible meule,
Au plus haut de la hampe, orgueil des bataillons,
Où pendait cette pourpre envolée en haillons,
L’aigle de bronze reste seule !

Le 21 février 1835.

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Publié dansPoètesVictor Hugo

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