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Le laitEmile Verhaeren

Dans la cave très basse et très étroite, auprès
Du soupirail prenant le jour au Nord, les jarres
Laissaient se refroidir le lait en blanches mares
Dans les rouges rondeurs de leur ventre de grès.

Ou eût dit, à les voir dormir dans un coin sombre,
D’énormes nénuphars s’ouvrant par les flots lents,
Ou des mets protégés par des couvercles blancs
Qu’on réservait pour un repas d’anges, dans l’ombre.

Sur double rang étaient couchés les gros tonneaux.
Et les grands plats portant jambons et jambonneaux,
Et les boudins crevant leur peau, couleur de cierge,

Et les flans bruns, avec du sucre au long des bords,
Poussaient à des fureurs de ventres et de corps…
Mais en face, le lait restait froid, restait vierge.

Les flamandes

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Publié dansEmile VerhaerenPoètes

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