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Le pauvre PionFrancis Jammes

Le pauvre pion doux si sale m’a dit : j’ai

Bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.
Bien sûr que le pauvre diable n’a pas de mère

Pour le consoler doucement de sa misère.
Il vit comme cela, pion dans une boîte,

Et passe parfois sur son front froid sa main moite.
Avec ses bras il fait un coussin sur un banc

Et s’assoupit un peu comme un petit enfant.
Mais au lieu de traversin bien blanc, sa vareuse

Se mêle à sa barbe dure, grise et crasseuse.
Il économise pour se faire soigner.

Il a des douleurs. C’est trop cher de se doucher.
Alors il enveloppe dans un pauvre linge

Rout son pauvre corps misérable de grand singe.
Le pauvre pion doux si sale m’a dit : j’ai

Bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.

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Publié dansFrancis JammesPoètes

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