Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ?
C’est le père avec son enfant.
Il serre le jeune garçon dans ses bras,
Il le tient au chaud, il le protège.
« — Mon fils, pourquoi caches-tu peureusement ton visage ?
— Père, ne vois-tu pas le roi des Aulnes,
Le roi des Aulnes, avec sa couronne et sa traine ?
— Mon fils, c’est une trainée de brume.
— Cher enfant, viens, partons ensemble !
Ie jouerai tant de jolis jeux avec toi!
Tant de fleurs émaillent le rivage!
Ma mère a de beaux vêtements d’or.
— Mon père, mon père, mais n’entends-tu pas
Ce que le roi des Aulnes me promet tout bas?
— Du calme, rassure-toi, mon enfant :
C’est le bruit du vent dans les feuilles sèches.
— Veux,fin jeune garçon,-tu venir avec moi?
Mes filles s’occuperont de toi gentiment.
Ce sont elles qui mènent la ronde nocturne.
Elles te berceront par leurs danses et leurs chants.
— Mon père, mon père, t ne vois-tu pas là-bas
Danser dans l’ombre les filles du roi des aulnes ?
— Mon fils, mon fils, je le vois bien en effet,
Ces ombres grises ce sont les vieux saules.
— Je t’aime, ton beau corps me tente,
Si tu n’est pas consentant, je te fais violence.
—Père, Père, voilà qu’il me prend !
Le Roi des Aulnes m’a fait mal ! »
Le père frissonne, il presse son cheval,
Il serre sur sa poitrine l’enfant qui gémit.
A grand-peine, il arrive à la ferme
Dans ses bras l’enfant était mort.
1782
Traduit de l’allemand par Michel Tournier
Le Roi des Aulnes est un poème de Johann Wolfgang von Goethe écrit en 1782. Le thème trouve son origine dans la culture danoise, où le Roi des Aulnes est nommé « Ellerkonge ». Le mot « Erlkönig » est né d’une traduction fautive en allemand du mot danois « Eller » et aurait dû s’écrire « Erlenkönig ».
Soyez le premier à commenter