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Le Sablier VidePaul Eluard

Offerte au renard parti depuis longtemps
Par les rues encombrées
Reprenant
Ce qu’elle avait donné de plus précieux
Le sang ne tachait plus jamais sa robe
Il y eut plusieurs de ses amis pour le remarquer
Des fleurs pareilles à des souliers

Dans la montagne

Faisant corps avec les roches tendres

Ou bien dans les bois de grande chasse
Dans les buissons proposés aux lumières

Comme un os à la gueule éblouissante des chiens

Une toute petite maison cartilage

Fascinait encore quelques crocs nouveaux

Tendus vers la première proie
Au milieu de la salle d’honneur désaffectée

De grands bambins croissaient

Encouragés par leurs nourrices et leurs mamans

Des saintes obscènes
Ils ressemblaient à des dindons géants

Leurs coquilles natales à leurs pieds
Les tulipes des cafés se fanaient
Je répète qu’il était huit heures du matin
Une heure à s’en aller par les rues maintenant vides
Comme des cendriers propres.

Paul Eluard

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Publié dansPaul EluardPoètes

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