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Les bœufsAlbert Merat

Des larges prés ayant le flot bleu pour frontière,
Jetés dans les wagons monstrueux et hurlants,
Les bœufs, souffrant de l’air qui leur cingle les flancs,
Ont roidi leurs jarrets une nuit tout entière.

Ils entrent dans Paris par l’ancienne barrière ;
La corne de leurs pieds fait les pavés sanglants ;
La salive leur pend au mufle en filets blancs ;
Les chiens lâches et vils les mordent par derrière.

Étonnés des passants, des arbres, des maisons,
Ils cherchent de leur œil calme les horizons
Et beuglent longuement, songeant au pâturage.

Parfois, par une angoisse obscure de la mort,
Le front aigu s’oppose à la gueule qui mord
Dans un beau mouvement de révolte et de rage.

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Publié dansAlbert MeratPoètes

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