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Les BouquinsFrancis Jammes

Tu me vois quelquefois triste, énervé, grincheux,

— Quand j’ai fumé surtout mes pipes allemandes

En travaillant longtemps — alors, tu me demandes

D’où vient l’expression si dure de mes yeux.
Tu me dis que mes grands bouquins sont ennuyeux

Comme les pins et leurs petits pots dans les landes ;

C’est vrai : viens… tes baisers sont comme des amandes :

Ils ont un parfum blanc : ils sont délicieux.
T’aimer bien, ça vaut mieux que de rimer des strophes

Ou que d’étudier de tristes philosophes.

Dans un livre savant, hier soir, je lisais :
On y voulait prouver d’une façon notoire

Que la réalité n’est qu’ « hallucinatoire » ;

Je suis halluciné, chère, par tes baisers.

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Publié dansFrancis JammesPoètes

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