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Les SemblablesPaul Eluard

Je change d’idée
A suivre les brises de fil fin
A suivre tes jambes tes mains tes yeux
La robe habile qui t’invente
Pour que tu la remplaces.
Je change d’idée

Tu passes dans la rue

Dans un ouragan de soleil

Je te rencontre je m’arrête

Je suis jeune tu t’en souviens.
Je change d’idée
Ta bouche est absente
Je ne te parle plus tu dors
Il y a des feux de terreur dans ta nuit
Un champ de larmes claires dans tes rêves
Nous ne sommes pas tristes ensemble
Je t’oublie.
Je change d’idée
Tu ne peux pas dormir
Sur des échelles nonchalantes

Interminablement

Entre la fleur et le fruit

Dans l’espace

Entre la fleur et le fruit

Tu cherches le sommeil

La première gelée blanche

Et tu m’oublies.
Je change d’idée
Tu ris tu joues tu es vivante
Et curieuse un désert se peuplerait pour toi
Et j’ai confiance.
Fini
Je n’ai jamais pu t’oublier
Nous ne nous quitterons jamais
Il faut donner à la sécurité
La neige paysanne la meule à ruines
Une mort convenable
Le jour en pure perte noie les étoiles
A la pointe d’un seul regard
De la même contemplation
Il faut brûler le sphinx qui nous ressemble
Et ses yeux de saison
Et ses mousses de solitude.

Paul Eluard

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Publié dansPaul EluardPoètes

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