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Les ventsEmile Verhaeren

Noires syrinx d’ombre et de tôle,
Les inégales cheminées,
Sur les villes échelonnées,
Au long des mers jusques au pôle,
Grondent aux bises déchaînées,
Durant l’automne.

Assis en rond autour du feu,
Les hommes las et miséreux
Souffrent et geignent.
Le désespoir et l’ennui règnent ;
On s’examine et l’on attend.
Nul ne répond aux mots stridents
Que promulguent les cheminées
Vers les révoltes acharnées,
De ville en ville, au loin, sur les routes du vent.

Seuls, peutêtre, seuls les poètes
Pourraient répondre à la tempête
Et diriger vers des horizons clairs, l’essaim
Des paroles et les traduire.
Mais ils s’en vont par tels chemins
Loin des foyers humains,
Vers la conquête d’un Empire
Dont ils seraient les maîtres seuls.

Et l’espace pareil à un linceul
Ne recueille que plainte et que douleur mortnées
Et la clameur des cheminées,
Noires syrinx d’ombre et de tôle,
Depuis les mers jusques au pôle,
N’est qu’un chaos d’inutiles paroles.

Les forces tumultueuses

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Publié dansEmile VerhaerenPoètes

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