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Madame, si tu veux me prêter ton oreilleFlaminio De Birague

Madame, si tu veux me prêter ton oreille,
Pour toi je me ferai prophète véritier,
Mordillant un rameau du poenien laurier,
Et de tes trois couleurs je dirai la nouvelle.

Le gris mélancolique est le soin qui m’éveille
Quand ma trêve se rompt par Amour mon guerrier,
L’incarnat est mon sang qui teint mon dard meurtrier,
Qui premier me piqua en pointe d’une abeille.

L’orangé m’est signal du triste désespoir,
Où piqué m’a réduit mon amoureux espoir.
Ainsi de tes couleurs je peins la portraiture

De mes piteux ennuis que tu vois sans pitié,
Ne voulant bienheurer ma constante amitié
D’un bon rais de ton oeil, dont j’attends nourriture.

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Publié dansFlaminio De BiraguePoètes

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