Aller directement au contenu

Madrid 1936Pablo Neruda

Madrid seule et solennelle, Juillet t’avait surprise avec ta joie

De rayon de miel pauvre ; claire était ta rue,

Clairs étaient tes songes.

Un hoquet noir

De généraux, une vague

De soutanes rageuses

Rompit entre tes genoux

Ses eaux boueuses et leurs ruisseaux de fange.

Les yeux encore tout meurtris de sommeil,

Avec un vieux fusil et des pierres, Madrid,

Récemment blessée,

Tu te défendis. Tu courais

Dans les rues

Laissant les traces de ton sang sacré

Rassemblant, appelant d’une voix d’océan

Avec ton visage à jamais changé

Par la lueur du sang,

Madrid,

Comme une montagne vengeresse,

Comme une sifflante

Étoile de couteaux.
Lorsque dans les ténébreuses casernes,

Dans les sacristies de la trahison,

S’enfonça ton épée ardente,

Il n’y eut qu’un long silence d’aube,

Il n’y eut que le pas haletant des drapeaux,

Et qu’une honorable goutte de sang sur ton sourire.
Traduction de Louis Parot en 1938

Lectures : 7
Publié dansPablo NerudaPoètes

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *