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MargotTheodore de Banville

Grosse Margot, blanche nourrice,

Qu’adorait, en son fier caprice,

Le bon rimeur Villon,

Sur toi, sa conquête et sa proie

Et le navire de sa joie,

Flotte son pavillon!
En son âme dévotieuse,

Il t’estimait plus précieuse

Que de l’or en lingot

Et, mieux qu’une chair de princesse,

Il aimait et choyait sans cesse

Ton sein, grosse Margot!
Si bien qu’en ta jupe de laine,

Immortelle comme une Hélène,

Ravis, nous te voyons

Avec ta glorieuse allure,

Et que ta lourde chevelure

Est pleine de rayons.
Lui, le génie, et toi, la gouge,

Vous buviez à flots du vin rouge,

Plein de rubis ardents,

Fleurant comme des violettes,

Et la pourpre des gouttelettes

Ruisselait sur tes dents.
Maintenant, ô perle des filles,

Tu resplendis encor, tu brilles,

Comme de l’or moulu,

Lorsque sur du cuivre on l’applique,

Par cette raison sans réplique:

Ton François l’a voulu.
Oui, ce grand Villon t’a choisie,

Comme un dieu de la poésie,

Recueillant son butin,

Choisit la fille de Tyndare;

Car il chantait comme Pindare,

A Paris, près Pantin!
25 août 1888.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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