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Mauny, prenons en gré la mauvaise fortuneJoachim du Bellay

Sonnet LI.

Mauny, prenons en gré la mauvaise fortune,
Puisque nul ne se peut de la bonne assurer,
Et que de la mauvaise on peut bien espérer,
Etant son naturel de n’être jamais une.

Le sage nocher craint la faveur de Neptune,
Sachant que le beau temps longtemps ne peut durer :
Et ne vaut-il pas mieux quelque orage endurer,
Que d’avoir toujours peur de la mer importune ?

Par la bonne fortune on se trouve abusé,
Par la fortune adverse on devient plus rusé :
L’une éteint la vertu, l’autre la fait paraître :

L’une trompe nos yeux d’un visage menteur,
L’autre nous fait l’ami connaître du flatteur,
Et si nous fait encore à nous-mêmes connaître.

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Publié dansJoachim du BellayPoètes

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