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Ne pense, Robertet, que cette Rome-ciJoachim du Bellay

Sonnet LVXXXIII.

Ne pense, Robertet, que cette Rome-ci
Soit cette Rome-là qui te soulait tant plaire.
On n’y fait plus crédit, comme l’on soulait faire,
On n’y fait plus l’amour, comme on soulait aussi.

La paix et le bon temps ne règnent plus ici,
La musique et le bal sont contraints de s’y taire,
L’air y est corrompu, Mars y est ordinaire,
Ordinaire la faim, la peine, et le souci.

L’artisan débauché y ferme sa boutique,
L’otieux avocat y laisse sa pratique ;
Et le pauvre marchand y porte le bissac :

On ne voit que soldats, et morions en tête,
On n’oit que tambourins et semblable tempête,
Et Rome tous les jours n’attend qu’un autre sac.

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Publié dansJoachim du BellayPoètes

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