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NéantAndre Velter

Tu n’es pas né d’un songe ni d’une caresse ni d’un livre,

pas né d’une ombre d’une éclaircie d’un gouffre,

pas né de l’eau

ni de la terre

ni de la dernière pluie,

pas né d’hier de
Jupiter de
Jéhovah,

pas né d’un nom ni d’une stèle ni d’une croix,

pas né d’une louve d’une reine d’une déesse,

pas né d’un soupir ni d’un regret ni d’une rose,

pas né d’un acte de naissance

d’un pacte

ni du moindre devoir,

pas né de l’aube ni d’une prière d’une espérance,

pas né de la vague ni de la pieuvre ni de la perle,

pas né d’un philtre d’une hébétude d’un printemps –

peut-être es-tu né de l’oubli d’un grand silence ou du soleil,

peut-être du vent de l’horizon d’un écho perdu,

peut-être d’un nuage d’un éclair d’un sablier,

peut-être d’un oracle d’une blessure d’un vertige,

peut-être d’une fille de la
Nuit d’une
Moire ravaudeuse d’un cri par effraction,

peut-être d’un chemin d’une lisière d’une légende,

peut-être d’une poudrière d’une clairière d’une absence,

peut-être du feu

d’une aile

ou d’un chant,

peut-être d’un rien d’un désir d’un silex,

peut-être d’une inconnue d’une fugueuse d’une poupée,

peut-être d’une flèche peut-être d’une corde peut-être d’un arbre seul

ô mon néant

de quoi es-tu né?

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Publié dansAndre VelterPoètes

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