Aller directement au contenu

Ô combien est heureux qui n’est contraint de feindreJoachim du Bellay

Ô combien est heureux qui n’est contraint de feindre,
Ce que la vérité le contraint de penser,
Et à qui le respect d’un qu’on n’ose offenser
Ne peut la liberté de sa plume contraindre !

Las, pourquoi de ce noeud sensje la mienne éteindre,
Quand mes justes regrets je cuide commencer ?
Et pourquoi ne se peut mon âme dispenser
De ne sentir son mal ou de s’en pouvoir plaindre ?

On me donne la gêne, et si n’ose crier,
On me voit tourmenter, et si n’ose prier
Qu’on ait pitié de moi, O peine trop sujette !

Il n’est feu si ardent qu’un feu qui est enclos,
Il n’est si fâcheux mal qu’un mal qui tient à l’os,
Et n’est si grand douleur qu’une douleur muette.

Les Regrets

Lectures : 0
Publié dansJoachim du BellayPoètes

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *