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Ode secrètePaul Valery

Chute superbe, fin si douce,

Oubli des luttes, quel délice

Que d’étendre à même la mousse

Après la danse, le corps lisse!
Jamais une telle lueur

Que ces étincelles d’été

Sur un front semé de sueur

N’avait la victoire fêté!
Mais touché par le Crépuscule,

Ce grand corps qui fit tant de choses,

Qui dansait, qui rompit Hercule,

N’est plus qu’une masse de roses!
Dormez, sous les pas sidéraux,

Vainqueur lentement désuni,

Car l’Hydre inhérente au héros

S’est éployée à l’infini…
Ô quel Taureau, quel Chien, quelle Ourse,

Quels objets de victoire énorme,

Quand elle entre aux temps sans ressource

L’âme impose à l’espace informe!
Fin suprême, étincellement

Qui, par les monstres et les dieux,

Proclame universellement

Les grands actes qui sont aux Cieux!

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Publié dansPaul ValeryPoètes

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