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Officiers de la garde blanche…Louise de Vilmorin

Officiers de la garde blanche,

Gardez-moi de certaines pensées la nuit.

Gardez-moi des corps à corps et de l’appui

D’une main sur ma hanche.

Gardez-moi surtout de lui

Qui par la manche m’entraîne

Vers le hasard des mains pleines

Et les ailleurs d’eau qui luit.

Épargnez-moi les tourments en tourmente

De l’aimer un jour plus qu’aujourd’hui,

Et la froide moiteur des attentes

Qui presseront aux vitres et aux portes

Mon profil de dame déjà morte.

Officiers de la garde blanche,

Je ne veux pas pleurer pour lui

Sur terre. Je veux pleurer en pluie

Sur sa terre, sur son astre orné de buis,

Lorsque plus tard je planerai transparente,

Au-dessus des cent pas d’ennui.

Officiers des consciences pures,

Vous qui faites les visages beaux,

Confiez dans l’espace au vol des oiseaux

Un message pour les chercheurs de mesure

Et forgez pour nous des chaines sans anneaux.
1939

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Publié dansLouise de VilmorinPoètes

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