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Paris double galèreCharles Peguy

Depuis le Point-du-Jour jusqu’aux cèdres bibliques

Double galère assise au long du grand bazar,

Et du grand ministère, et du morne alcazar,

Parmi les deuils privés et les vertus publiques ;
Sous les quatre-vingts rois et les trois Républiques,

Et sous Napoléon, Alexandre et César,

Nos pères ont tenté le centuple hasard,

Fidèlement courbés sur tes rames obliques.
Et nous prenant leur place au même banc de chêne,

Nous ramerons des reins, de la nuque, de l’âme,

Pliés, cassés, meurtris, saignants sous notre chaîne ;
Et nous tiendrons le coup, rivés sur notre rame,

Forçats fils de forçats aux deux rives de Seine,

Galériens couchés aux pieds de Notre Dame.
1913

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Publié dansCharles PeguyPoètes

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