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Pauvres gossesPablo Neruda

Comme il te faut payer sur cette planète

pour nous aimer en toute tranquillité

tout le monde examine les draps,

tous se préoccupent de ton amour.
Et se racontent des choses terribles

au sujet d’un homme et d’une femme

qui après maintes tergiversations

et maintes considérations

font quelque chose d’unique,

ils se couchent dans un seul lit.
Je me demande si les grenouilles

se surveillent et s’éternuent au nez,

si elles se font des messes basses dans les mares

contre les grenouilles illégitimes,

contre le plaisir des batraciens

Je me demande si les oiseaux

ont des oiseaux ennemis

et si le taureau prête l’oreille aux boeufs

avant de rencontrer la vache.
Déjà les routes ont des yeux,

les parcs ont leur police,

leurs secrets les hôtels,

les fenêtres enregistrent les noms,

s’embarquent troupes et canons

déterminés contre l’amour,

travaillent inlassablement

les gorges et les oreilles,

et un garçon et sa petite amie

se mettent à fleurir

en volant sur une bicyclette.
Traduit par Gilles de Seze

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Publié dansPablo NerudaPoètes

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