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Pierrots, IIJules Laforgue

Le coeur blanc tatoué
De sentences lunaires,
Ils ont : ‘ Faut mourir, frères ! ‘
Pour motd’ordreÉvohé.

Quand trépasse une vierge,
Ils suivent son convoi,
Tenant leur cou tout droit
Comme on porte un beau cierge.

Rôle trèsfatigant,
D’autant qu’ils n’ont personne
Chez eux, qui les frictionne
D’un conjugal onguent.

Ces dandys de la Lune
S’imposent, en effet,
De chanter t s’il vous plaît ?
De la blonde à la brune.

Car c’est des gens blasés ;
Et s’ils vous semblent dupes,
Çà et là, de la Jupe
Lange à cicatriser,

Croyez qu’ils font la bête
Afin d’avoir des seins,
Pisaller de coussins
A leurs savantes têtes.

Écarquillant le cou
Et feignant de comprendre
De travers, la voix tendre,
Mais les yeux si filous !

D’ailleurs, de moeurs trèsfines,
Et toujours fort corrects,
(École des cromlechs
Et des tuyaux d’usines).

Recueil : L’Imitation de N.D la Lune

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Publié dansJules LaforguePoètes

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