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RencontreArmand Silvestre

À OGIER D’IVRY
Avec ses grands yeux noirs et sa bouche de mûre,

Et de ses lourds cheveux la nocturne toison,

Elle a mis dans mon cœur l’effroyable poison

Dont on aime à souffrir malgré qu’on en murmure.
Astre pâle qu’on voit à travers la ramure

D’un seul rayon, sa flamme a fondu ma raison.

O Femme épanouie en pleine floraison !

O vendange d’amour, ô belle vigne mûre !
Comme un ressuscité que grisaient tes parfums

J’ai senti le relent de mes amours défunts

Remonter moins amers à mes lèvres pâlies.
Et, sous l’effarement de ta fière beauté,

Sans vœux et sans espoir, mon esprit s’est jeté

Dans un lac d’amertume et de mélancolie.

Septembre 1881.

Publié dansArmand SilvestrePoètes

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