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RireTheodore de Banville

Rions sur la terre en délire

Où la lumière aime et fleurit,

Puisque le clair, le divin Rire

Nous appartient, comme l’Esprit.
Rions sous la clarté qui tombe

Parmi les rameaux chevelus;

Car, amis, la blanche colombe

Ne rit pas, le tigre non plus.
Oui, rions sous les flammes vives,

Puisque c’est notre beau destin

D’être les glorieux convives

Assis à l’immortel festin;
Puisque la Vie âpre et sévère

Aura son éclatant réveil;

Puisque brillent dans notre verre

Les rouges vins, pleins de soleil;
Puisque l’Homme, cueillant des roses,

Peut dire au divin Rabelais:

Tu sais toutes sortes de choses

Amusantes, conte-moi-les!
Puisque le sommelier Prodige

Est notre docile échanson;

Puisque c’est, lorsque je l’exige,

Hugo qui chante une chanson,
Et puisque, auprès du bleu pilastre,

Le diamant aux cieux cloué

N’est certes pas un plus bel astre

Que la prunelle de Chloé.
22 septembre 1888.

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Publié dansPoètesTheodore de Banville

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