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Si l’importunité d’un créditeur me fâcheJoachim du Bellay

Sonnet XIV.

Si l’importunité d’un créditeur me fâche,
Les vers m’ôtent l’ennui du fâcheux créditeur :
Et si je suis fâché d’un fâcheux serviteur,
Dessus les vers, Boucher, soudain je me défâche.

Si quelqu’un dessus moi sa colère délâche,
Sur les vers je vomis le venin de mon cœur :
Et si mon faible esprit est recru du labeur,
Les vers font que plus frais je retourne à ma tâche.

Les vers chassent de moi la molle oisiveté,
Les vers me font aimer la douce liberté,
Les vers chantent pour moi ce que dire je n’ose.

Si donc j’en recueillis tant de profits divers,
Demandes-tu, Boucher, de quoi servent les vers,
Et quel bien je reçois de ceux que je compose ?

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Publié dansJoachim du BellayPoètes

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