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SoldesAlain Bosquet

Après faillite,

je solde.

Je me liquide.

A pile ou face,

tu emportes mon corps, pauvre gagnant !

Cent pour cent de rabais

sur mon âme : comment

la retirer du bric-à-brac ?

Gratuit,
Monsieur, mon vieux cerveau :

on vous le met dans cette boîte ?

Ma peau, elle est pratique, un jour d’hiver,

Mademoiselle.

Je vous offre ma voix, en prime :

elle n’a pas d’égale

pour les bobards, pour les jolis mensonges.

Venez,
Madame,

j’ai un cadeau pour vous : c’est un poème ;

n’ayez pas peur, son petit air miteux

cache un profond mystère.

Chaque matin, vous l’arrosez ;

au bout d’un mois, ses fleurs auront la taille

des grandes cathédrales.

Approchez, citoyens.

Je solde, je me sacrifie.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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