Aller directement au contenu

Solitude, ô mon éléphantLouise de Vilmorin

Je ne suis plus là pour personne,

Ô solitude ! Ô mon destin !

Sois ma chaleur quand je frissonne,

Tous mes flambeaux se sont éteints.
Tous mes flambeaux se sont éteints,

Je ne suis plus là pour personne

Et j’ai déchiré ce matin

Les cartes du jeu de maldonne.
Solitude, ô mon éléphant,

De ton pas de vague marine

Berce-moi, je suis ton enfant,

Solitude, ô mon éléphant.
Couleur de cendres sarrasines,

Le chagrin me cerne de près,

Emmène-moi dans la forêt

Dont les larmes sont de résine.
Si j’évite la mort, c’est que je veux pleurer

Tout ce qui me fut proche et ce qui m’a leurré.

Allons dans la forêt sous la sombre mantille

Que trame de tout temps la vertu des aiguilles.
Je ne veux plus revoir dans l’océan du ciel

La lune voyager en sa blondeur de miel,

Ni sa barque en croissant me priver d’une idylle

Qu’elle emporte à son bord parmi d’autres cent mille !
1972

Lectures : 3
Publié dansLouise de VilmorinPoètes

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *