Sur une barricade, au milieu des pavés
Souillés d’un sang coupable et d’un sang pur lavés,
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.
Estu de ceuxlà, toi ? L’enfant dit : Nous en sommes.
C’est bon, dit l’officier, on va te fusiller.
Attends ton tour. L’enfant voit des éclairs briller,
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
Il dit à l’officier : Permettezvous que j’aille
Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?
Tu veux t’enfuir ? Je vais revenir. Ces voyous
Ont peur ! où logestu ? Là, près de la fontaine.
Et je vais revenir, monsieur le capitaine.
Vat’en, drôle ! L’enfant s’en va. Piège grossier !
Et les soldats riaient avec leur officier,
Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ;
Mais le rire cessa, car soudain l’enfant pâle,
Brusquement reparu, fier comme Viala,
Vint s’adosser au mur et leur dit : Me voilà.
La mort stupide eut honte et l’officier fit grâce.
[…]
L’année terrible
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