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VerlaineAlain Bosquet

Verlaine tout à l’heure est venu boire un coup,

et bavarder d’amours trop lasses pour un cœur qui ne bat désormais que sans goût la vie est dégueulasse.

Il a l’haleine torve et le pinard mauvais ;

sa jambe est comme un bois qu’il traîne dans le brouillard de son esprit : ah, s’il savait combien pèse la peine !

Dans sa jeunesse il caressait l’adolescent,

pour ses genoux, pour ses épaules, mais le plaisir charnel lui retourne le sang.
La femme n’est plus drôle,

et même le bon
Dieu n’apporte le salut

que lorsqu’il est à jeun : déroute, épreuve, repentir, vengeance ?
Il ne sait plus.
L’absinthe goutte à goutte

l’éloigné de lui-même.
Une pauvre chanson

lui vient sous forme de blessure ; il l’accepte sans force : on dirait la rançon d’une existence impure.

Il écrit quelques mots comme avec sa moustache

— le crâne obscène, il n’est pas beau — pour un être très cher, m’a-t-il dit : un potache qui ressemble à
Rimbaud.

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Publié dansAlain BosquetPoètes

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